2024, sujet J2 pour la Polynésie

jeudi 12 décembre 2024
par  Julien Daget

20 juin 2024


Le candidat traite un sujet de dissertation, au choix parmi les sujets 1 et 2.
Il précise sur la copie le numéro du sujet choisi pour la dissertation.

Sujet de dissertation 1
Les mers et les océans : un enjeu des relations internationales.

Sujet de dissertation 2
Crises climatiques et sociétés humaines du Moyen Âge à nos jours


Le candidat traite l’étude critique de documents suivante.

Étude critique de documents – Histoire et mémoires du génocide des Juifs et des Tsiganes
Consigne – En analysant les documents, en les confrontant et en vous appuyant sur vos connaissances, montrez que la construction des mémoires du génocide des Juifs et des Tsiganes est un processus complexe.

Document 1
Le narrateur, issu d’une famille de Juifs polonais ayant émigré aux États-Unis au début du 20e siècle, part sur les traces de son grand-oncle, de sa femme et de leurs quatre filles, tués entre 1941 et 1943, près de Bolechow, non loin de Lemberg, dans l’Est de la Pologne d’alors.

J’étais le seul à ne pas avoir voulu y aller. J’étais méfiant. Pour moi, Auschwitz représentait le contraire de ce qui m’intéressait et – comme j’ai commencé à m’en rendre compte le jour où je suis allé à Auschwitz – de la raison pour laquelle j’avais fait ce voyage. Auschwitz, désormais, est devenu, en un seul mot, le symbole géant […], la formule consacrée de ce qui est arrivé aux Juifs en Europe – même si ce qui s’est passé à Auschwitz n’est pas arrivé, en fait, à des millions de Juifs dans des endroits comme Bolechow, des Juifs qui ont été alignés et abattus au bord de fosses communes ou, échappant à ça, ont été envoyés dans des camps qui, à la différence d’Auschwitz, n’avaient qu’un but, des camps qui sont moins connus du public, précisément parce qu’ils n’offraient pas d’autre issue que la mort et ne laissaient par conséquent aucun survivant, aucune mémoire, aucune histoire.
Mais même si nous acceptons Auschwitz comme symbole, ai-je pensé en arpentant son périmètre si étrangement paisible et impeccablement soigné, il y a quelques problèmes. C’était pour sauver mes parents des généralités, des symboles, des abréviations, pour leur rendre leur particularité et leur caractère distinctif, que je m’étais lancé dans ce voyage étrange et ardu. Tués par les nazis – oui, mais par qui exactement ? Effroyable ironie d’Auschwitz – je m’en suis aperçu en traversant les salles remplies de cheveux humains, de prothèses, de lunettes, de bagages destinés à ne plus aller nulle part –, l’étendue de ce qui est montré est tellement gigantesque que le collectif et l’anonyme, l’envergure du crime, sont constamment et paradoxalement affirmés aux dépens de toute perception de la vie individuelle.
Naturellement, c’est utile puisque, même encore aujourd’hui, même lorsque les survivants racontent leur histoire à des gens comme moi, il y en a d’autres, nous le savons bien, qui veulent minimiser l’importance de ce qui s’est passé, et même nier que cela a eu lieu […]. Mais pour moi, qui était venu pour apprendre quelque chose sur six parmi six millions, je ne pouvais m’empêcher de penser que l’immensité, l’échelle, la taille était un obstacle, plutôt qu’un véhicule, pour l’illumination du petit pan d’histoire qui m’intéressait.

D’après Daniel Mendelsohn, Les disparus, Paris, Flammarion, 2007, p. 146-147.

Document 2

« Plus de 65 ans après l’Holocauste, la chancelière allemande Angela Merkel inaugure, ce mercredi à Berlin, le mémorial aux Roms victimes du nazisme alors qu’ils subissent toujours racisme et discrimination dans de nombreux pays d’Europe ».

L’Express.fr avec l’AFP, publié le 24 octobre 2012 [1].


[1« Allemagne : Angela Merkel inaugure un mémorial dédié aux Roms victimes de l’Holocauste », L’Express, 24 octobre 2012. → https://www.lexpress.fr/monde/europe/allemagne-angela-merkel-inaugure-un-memorial-dedie-aux-roms-victimes-de-l-holocauste_1178626.html