2021, sujet pour l’Asie-Pacifique
par
Le candidat traitera un sujet de dissertation, au choix parmi les sujets 1 et 2 ET une étude critique de document(s) au choix parmi les études 1 et 2.
Dissertation 1
La dimension politique de la guerre, évolutions et ruptures du XVIIIe à nos jours.
Dissertation 2
Développement urbain et patrimoine sont-ils conciliables ? (Votre réflexion s’appuiera sur l’exemple de la France).
Étude critique de documents 1 – Protection de la nature et transformations des milieux.
Consigne – En analysant les documents, en les confrontant et en vous appuyant sur vos connaissances, répondez à la question suivante : la protection de la nature est-elle compatible avec l’exploitation des milieux ?
Document 1 – Samuel Depraz & Stéphane Héritier, « La nature et les parcs naturels en Amérique du Nord », L’Information géographique, vol. 76(4), 6-28, 2012.
Document 2 – Construction d’une route dans le parc national des Glaciers.
Étude critique de document 2 – La circulation de la connaissance scientifique
Consigne – En analysant le document et en vous appuyant sur vos connaissances, répondez à la question suivante : quels sont les évolutions et les enjeux de la circulation des connaissances scientifiques ?
Document
« Au Muséum national d’histoire naturelle, les échanges entre savants du pays et du monde entier ont toujours été des vecteurs essentiels de la production et de la diffusion de la connaissance scientifique. Les archives administratives et scientifiques de l’établissement témoignent d’une conversation ininterrompue entre chercheurs aux quatre coins de la planète : relations de voyages, journaux d’expéditions, correspondances, envois croisés entre spécialistes de caisses ou colis de spécimens, d’enveloppes garnies de graines, de photographies, de tirés à part, d’ouvrages... Un incessant ballet d’idées, d’indices et d’objets qu’on n’appelait pas encore des données et qui se dispensait souvent de toute tractation financière. Cette ouverture au monde s’est accompagnée d’une ouverture aux personnes. Des premières sociétés savantes jusqu’aux sciences participatives qui aident à enrichir les inventaires et bases de données contemporaines, l’histoire naturelle s’est co-construite avec des amateurs et des passionnés de tout bord sans qui les collections, matériau essentiel de la recherche, n’auraient jamais pu être assemblées ni décrites.
Bref, bien avant la révolution numérique qui a été un formidable accélérateur de ces échanges, on faisait de la science ouverte sans le savoir. Car la notion même de science est fondamentalement indissociable de l’ouverture des esprits, qui conditionne celle des publications et des données.
Science ouverte ! Ce devrait donc être un pléonasme [1], mais cela fait des décennies que cela ne l’est plus. Comment en est-on arrivé là alors que pendant des siècles la communauté scientifique avait réussi à échanger, à s’organiser à travers de multiples réseaux ?
Les éditeurs privés [...] ont forgé des outils comme l’impact factor (indice qui quantifie la qualité d’une revue à partir du nombre moyen de citations de ses articles) ou le H-index (autre indice qui quantifie la réputation d’un chercheur sur la base des citations de ses articles) sur lesquels les scientifiques eux-mêmes se sont précipités pour s’évaluer entre eux. [...] Seulement voilà, après avoir demandé aux scientifiques, la plupart du temps payés par les pouvoirs publics, d’écrire leurs articles, de les éditer, de valider gratuitement ceux de leurs pairs, puis de payer pour les lire, les éditeurs ont aussi souhaité faire payer pour publier, simplement en proposant des accès facilités et accélérés à la publication contre rétribution. Bref, une forme d’asservissement consenti s’est installée. [...]
À trop vouloir gagner, un vent contraire s’est levé, celui de la science ouverte. À l’heure des réseaux et du numérique, pourquoi la connaissance scientifique, bien de tous, ne pourrait-elle pas circuler librement ? Poser la question, c’est y répondre, surtout à une époque où l’acquisition de nouvelles données et connaissances n’est plus le coup d’éclat de quelque savant isolé, mais le fruit de collaborations multiples. La connaissance avance comme une vague collective où tout se partage et où chacun bénéficie de l’influence de tous. Dans un monde économiquement fracturé, la libre circulation des connaissances scientifiques est un indéniable levier de rééquilibrage et de développement, y compris dans les rapports Nord-Sud. Tout ce qui facilite les échanges fait donc sens et est même devenu une nécessité impérieuse.
[...] La science ouverte est désormais une nécessité économique, déontologique [2] et même pragmatique [3] car elle permettra de desserrer le frein qui limite la diffusion large des connaissances acquises, entre scientifiques d’abord et vers un large public ensuite [...] Il faut faire en sorte que la société dispose de bases fiables et que la diffusion de connaissances validées répondant aux critères scientifiques ne tourne pas à la diffusion d’opinions ou de croyances non étayées. C’est tout l’enjeu de cette science ouverte [...]. »
Bruno David, « La science ouverte : refaire circuler le savoir librement », The Conversation, 9 avril 2020, consulté en novembre 2020 [L’auteur du document est l’actuel Président du Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN)].
[1] Pléonasme : répétition, redondance.
[2] Déontologique : qui respecte des règles et des devoirs.
[3] Pragmatique : qui s’adapte aux contraintes de la réalité.