UNE SÉANCE SCANDALEUSE À LA CHAMBRE DES DÉPUTÉS
Les socialistes chantent l’Internationale

Ce fut une séance tristement mémorable que celle-là. Comme les radicaux interrompaient un député socialiste, l’extrême-gauche se leva comme un seul homme et entonna l’Internationale. Il y eut un instant de stupeur. Oui... c’était bien le chant des anarchistes et des antipatriotes, le chant abominable où l’on conseille aux soldats de tirer sur leurs généraux, qui retentissait dans le palais des lois.
La Chambre toute entière se dressa, indignée. Bientôt la Marseillaise répondit à l’Internationale, tandis que des députés royalistes entonnaient de leur côté l’air de la Vendéenne... Ce fut une terrible cacophonie. M. Brisson se couvrit et leva la séance ; on fit évacuer les tribune... En vain !... Les virtuoses de l’extrême-gauche continuèrent jusqu’à extinction de voix de hurler leur hymne de haine.
La Chambre actuelle nous avait accoutumé à bien des violences de langage, mais jamais elle n’avait offert jusqu’ici un aussi scandaleux spectacle. Espérons, pour l’honneur du parlementarisme et pour le bon renom de la France à l’étranger, qu’elle se gardera de le renouveler.

Supplément illustré du Petit Journal, dimanche 30 mai 1909, n° 967, p. 170. → https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k7168541/f2

Jean Jaurès (député SFIO du Tarn) est à la tribune, interrompu par Gabriel Combrouze (député radical de la Gironde et maire de Saint-Émilion) qui s’en prend à Adéodat Compère-Morel (député SFIO du Gard depuis une partielle d’avril 1909 après la mort de son prédécesseur), ce dernier ne pouvant répondre, couvert par le brouhaha et une moquerie de Maurice Binder (député conservateur de la Seine et conseiller municipal du quartier du Roule), malgré l’intervention de Henri Durre (député SFIO du Nord et conseiller municipal de Valenciennes) [1].