Doc. : la Querelle des Investitures
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Consigne : en analysant les deux documents, vous montrerez comment le pape Grégoire VII cherche à affirmer non seulement son indépendance, mais aussi sa supériorité sur l’empereur Henri IV.
• Méthode : l’analyse de document(s)
Document 1
I. L’Église romaine a été fondée par le Seigneur seul.
II. Seul le pontife romain est dit à juste titre universel.
III. Seul, il peut déposer ou absoudre les évêques.
[...]
VI. Vis-à-vis de ceux qui ont été excommuniés par lui, on ne peut entre autres choses habiter sous le même toit.
[...]
VIII. Seul, il peut user des insignes impériaux.
VIIII. Seulement aux pieds du pape tous les princes s’inclinent.
X. Il est le seul dont le nom soit prononcé dans les églises.
XI. Son nom est unique dans le monde.
XII. Il lui est permis de déposer les empereurs.
[...]
XVIII. Sa sentence ne doit être réformée par personne et seul il peut réformer la sentence de tous.
XVIIII. Il ne doit être jugé par personne.
[...]
XXVI. Celui qui n’est pas avec l’Église romaine n’est pas considéré comme catholique.
XXVII. Le pape peut délier les sujets du serment de fidélité fait aux injustes.
Grégoire VII [1], Dictatus Papæ, 1075. Conservé aux Archives du Vatican.
→ http://asv.vatican.va
Document 2
Ô bienheureux Pierre, prince des apôtres… je t’en prie, écoute-moi qui suis ton serviteur, que tu as nourri dès l’enfance, et préservé jusqu’à ce jour de la main des méchants, qui m’ont haï et me haïssent parce que je te suis fidèle. Tu m’es témoin, ainsi que ma souveraine, la Mère de Dieu, ainsi que le bienheureux Paul, ton frère entre tous les saints, tu m’es témoin que la Sainte Église romaine m’a porté malgré moi à son gouvernail ; [...]
Fort de cette confiance, pour l’honneur et la défense de ton Église, de la part du Dieu tout puissant Père, Fils et Saint Esprit, en vertu de ta puissance et de ton autorité, j’interdis au roi Henri [2], fils de l’empereur Henri, qui s’est élevé contre ton Église avec une insolence inouïe, le gouvernement de tout le royaume des Teutons et de l’Italie, je relève tous les chrétiens du serment qu’ils lui ont prêté ou qu’ils lui prêteront, et je défends que toute personne lui obéisse comme à un roi. Que celui qui s’efforce d’amoindrir l’honneur de ton Église, perde lui-même l’honneur qu’il parait avoir. Comme il a dédaigné d’obéir en chrétien, et n’est pas revenu à Dieu, qu’il a abandonné en communiquant avec des excommuniés, en méprisant les avis que je lui avais donnés pour son salut, tu le sais, en s’efforçant de déchirer ton Église… ; pour tout cela, je le lie, en ton nom, au lien de l’anathème [...].
Lettre de Grégoire VII à l’apôtre Pierre, carême 1076, dans Monumenta Germaniae Historica, Berlin, 1920-1930, p. 270-271, traduit et commenté dans Ch. Brooke, L’Europe au milieu du Moyen Âge, éditions Sirey, Paris, 1967, p. 255-256.
→ http://sourcesmedievales.unblog.fr/2008/10/26/lettre-de-gregoire-vii-a-lapotre-pierre-careme-1076/
[1] Grégoire VII fut pape de 1073 à 1085. Il fut le principal artisan d’un rappel à la discipline (la réforme grégorienne) et entra en conflit avec l’empereur du Saint-Empire (la Querelle des Investitures), qui essaya de le déposer en 1076.
[2] Henri IV, fils d’Henri III, fut roi de Germanie à partir de 1054, puis empereur du Saint-Empire de 1084 à 1105. Son opposition au pape Grégoire, qui l’excommunia, se termina en janvier 1077 par sa pénitence : il dut s’agenouiller devant le pape.