2023, sujet J1 pour la Polynésie française
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Le candidat traite un sujet de dissertation, au choix parmi les sujets 1 et 2.
Il précise sur la copie le numéro de sujet choisi pour la dissertation.
Dissertation – Sujet 1
L’accès à la connaissance, un enjeu pour les sociétés et les États à partir du XXe siècle.
Dissertation – Sujet 2
La pensée clausewitzienne permet-elle de comprendre les conflits contemporains (à partir des années 1990) ?
Le candidat traite l’étude critique de documents suivante.
Étude critique de documents – Le patrimoine, une question stratégique pour la France
En analysant les documents, en les confrontant et en vous appuyant sur vos connaissances, montrez que le patrimoine est, depuis le XIXe siècle, mobilisé au service du rayonnement de la France.
DOCUMENT 1
Réception offerte à la reine Victoria et au prince Albert par l’Empereur Napoléon III au château de Versailles, le 25 août 1855.
« C’est à Versailles, dans le palais de Louis XIV que l’Empereur Napoléon III offre à la reine d’Angleterre les magnificences les plus splendides de la Cour ; il y ranime pour elle les nobles plaisirs et les pompes depuis longtemps éteintes du grand roi », écrivait le Moniteur universel, le 29 août 1855, quelques heures après que le couple royal anglais se fut éloigné des côtes françaises. Il faut dire qu’on n’avait pas déployé autant d’apparat depuis des lustres [...].
Pendant plusieurs semaines, les préparatifs allèrent bon train et occupèrent l’ensemble des administrations de la Maison de l’Empereur et le personnel du domaine. On arrosa les routes de Versailles à Sèvres et de Sèvres à Saint-Cloud [...], on épousseta les grands appartements, les escaliers, les vestibules et la chapelle. [...]
Le château resplendissait comme en plein jour. [...] La statue équestre de Louis XIV disparaissait sous une exubérance de plantes exotiques. [...]. À l’entrée de la Galerie des Glaces, transformée en salle de bal, on ne voyait que fleurs et lumières. Au centre et faisant face au parc, se dressait la tribune impériale, rouge et or. Aux quatre angles s’élevaient les estrades pour les orchestres masqués par des massifs de dahlias, de pivoines et de lauriers-roses. [...] On avait converti l’opéra en salle de banquet et dressé au parterre 40 tables de 10 couverts somptueusement servies. Les souverains, qui soupèrent dans la loge impériale, dominaient l’assistance. [...]
Le prince Albert [1] fut impressionné par cette superposition des époques qui tendait à faire perdre tout repère par rapport au temps. « Si nombreuses étaient les impressions étranges causées par les contrastes entre le passé et le présent, qu’on restait pensif et silencieux plus qu’on aurait dû l’être » écrivit-il à son oncle Léopold, le roi des Belges, dès son retour à Londres. [...]
Sous la direction d’Eugénie [2], qui en avait tracé les grandes lignes, [on] avait conçu un décor figurant la façade du château de Windsor. Lisons la relation qu’en a laissé le correspondant du Moniteur universel. « À 10 heures, [leurs majestés] se sont dirigées vers les balcons qui leur avaient été réservés [...] pour voir le feu d’artifice [...]. 200 coups de canon (une idée de l’Empereur) ont été tirés pendant que les fusées et les bombes décrivaient en l’air leurs sillons lumineux ou éclataient en pluie d’étoiles de mille couleurs puis, quand le nuage de fumée s’est déchiré tout à coup pour laisser paraître à l’horizon les tours et les créneaux du château de Windsor, une immense acclamation a retenti dans la foule. En ce moment, deux orchestres, placés dans l’Orangerie, ont fait entendre le God save the Queen. » Windsor à Versailles, qu’imaginer de mieux pour illustrer l’alliance « des deux plus grandes nations de l’Occident ». « Une fort aimable attention », dira Victoria. L’opération de séduction avait réussi à merveille. La reine s’avoua conquise par la personnalité de Napoléon.
Christophe Pincemaille, « Essai sur les fêtes officielles à Versailles sous le Second Empire », Versalia, Revue de la Société des Amis de Versailles, 2000.
DOCUMENT 2
« Le 5 novembre 2019, le Président de la République a inauguré l’antenne du Centre Pompidou à Shanghai, consacrant le rayonnement de la culture française à l’international. Depuis le Louvre Abu Dhabi jusqu’au Centre Pompidou Malaga, retour sur une réussite exceptionnelle, celle des musées français à l’export. »