Bellicistes en 1791

comment déclencher une guerre de 22 ans ?
dimanche 23 août 2020
par  Julien Daget

Consigne : vous devez montrer comment ces deux déclarations ont fait partie des décisions politiques ayant mené à 22 ans de guerre et environ un million de morts ; les documents doivent évidemment être analysés en remettant les auteurs dans leur contexte.
Méthode : l’étude critique


Sa Majesté l’empereur et Sa Majesté le roi de Prusse, ayant entendu les désirs et les représentations de Monsieur et de M. le comte d’Artois, déclarent conjointement qu’elles regardent la situation où se trouve actuellement Sa Majesté le roi de France comme un objet d’un intérêt commun à tous les souverains de l’Europe. Elles espèrent que cet intérêt ne peut manquer d’être reconnu par les puissances dont le secours est réclamé, et qu’en conséquence elles ne refuseront pas, conjointement avec leursdites Majestés, les moyens les plus efficaces relativement à leurs forces, pour mettre le roi de France en état d’affermir, dans la plus parfaite liberté, les bases d’un gouvernement monarchique également convenable aux droits des souverains et au bien-être des Français. Alors, et dans ce cas, leursdites Majestés sont décidées à agir promptement et d’un commun accord, avec les forces nécessaires pour obtenir le but proposé et commun. En attendant, elles donneront à leurs troupes les ordres convenables pour qu’elles soient à portée de se mettre en activité.

Déclaration de l’empereur du Saint-Empire et du roi de Prusse, Pillnitz, 27 août 1791.


Disons à l’Europe que les Français voudraient la paix ; mais que si on les force de tirer l’épée ils en jetteront le fourreau bien loin, et n’iront le chercher que couronnés du laurier de la victoire, et que quand même ils seraient vaincus leurs ennemis ne jouiraient pas du triomphe, parce qu’ils ne régneraient que sur des cadavres ? [Applaudissements.] Disons à l’Europe que nous respecterons toutes les constitutions des divers empires ; mais que si les cabinets des cours étrangères tentent de susciter une guerre des rois contre la France, nous leur susciterons une guerre des peuples contre les rois ! [Applaudissements]

Disons-lui que dix millions de François, embrasés du feu de la liberté, armés du glaive, de la raison, de l’éloquence, pourraient, si on les irrite, changer la face du monde et faire trembler tous les tyrans sur leurs trônes d’argile ! Enfin disons-lui que tous les combats que se livrent les peuples par ordre des despotes. [Les applaudissements ne discontinuent pas, l’Assemblée est dans une grande agitation.] Je demande du silence ; n’applaudissez pas, messieurs, n’applaudissez pas ; respectez mon enthousiasme ; c’est celui de la liberté !

Disons-lui que les combats que se livrent les peuples, par ordre des despotes ressemblent aux coups de deux amis, excités par un instigateur perfide, se portent dans l’obscurité ; si la clarté du jour vient à paraître, ils jettent leurs armes, s’embrassent et châtient celui qui les trompoit ! De même, si, au moment que les armées ennemies lutteront avec les nôtres, le jour de la philosophie frappe leurs yeux, les peuples s’embrasseront à la face des tyrans détrônés, de la terre consolée, et du ciel satisfait ! [La salle retentit d’applaudissements.]

Maximin Isnard, député du Var, 29 novembre 1791.


Documents joints

Comment déclencher une guerre de 22 ans ?