Corrigé : croissance et crises
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Sujet – Doc. : croissance et crises
→ Méthode : l’analyse de document(s)
Pistes d’analyse
Présentation des docs
Les raisons des crises ont fait l’objet de nombreux débats. Deux documents illustrent cette question : d’une part un article dans le magazine L’Illustration et d’autre part un ouvrage de l’économiste d’origine autrichienne Schumpeter, un spécialiste de la théorie des cycles économiques.
Le premier date de 1931, au moment où les effets de la crise américaine débutée en 1929 se sentent en Europe occidentale : l’auteur français en décris ici les causes. Le second document est un extrait de l’ouvrage Capitalisme, Socialisme et Démocratie datant de 1942, ce qui offre un peu de recul à son auteur. L’ouvrage à été largement réédité et traduit ensuite, lui conférant une forte influence sur la pensée théorique.
Premier document
Le premier doc est une évocation de la société de consommation, avec des passages traitant de ceux qui vivent à crédit, du surendettement, comprenant des aspects moralisateurs (alors que l’épargne est mieux vue).
Le passage sur les deux puis trois automobiles est à voir du point de vue français de l’époque, un pays beaucoup moins développé que les États-Unis. Acheter ses chaussures à crédit : argumentation par l’absurde.
« déchets » = ici au sens de chômeurs.
« tarifs » : mesures protectionnistes, repli, nationalisme économique.
champ lexical psychologique : « doute », « troubler les esprits », « idée [...] juste », « que devenir », « malaise », « conviction » et « remise en question ».
Critique assez virulente du capitalisme américain, facilement reprenable par les auteurs anti-capitalistes et altermondialistes (cf. source : Petit traité de la décroissance sereine).
Second document
Le second doc est une démonstration de la notion des cycles économiques : « fluctuations de longue durée », « évolution capitaliste ».
« processus de mutation industrielle imprime l’élan fondamental qui donne leur ton général aux affaires [...] » : lancement d’une période de forte croissance.
« l’élimination des éléments périmés de la structure économique et la dépression est prédominante » : période de crise, cure, purge, « destruction créatrice ».
« gonflement et de dégonflement des prix » : inflation puis déflation
Schumpeter y intègre sa notion de grappe d’innovations :
« l’usine mécanisée » : emploi des machines-outils dans les usines, métier à filer ou à tisser, marteau-pilon, etc.
« l’usine électrifiée » : passage aux machines électriques, le courant remplaçant les machines à vapeur et les turbines hydrauliques.
« synthèse chimique » : carbochimie puis pétrochimie.
Sans oublier le processus de mondialisation, avec de nouveaux fournisseurs de matières premières : « laine de la Plata, coton d’Amérique, cuivre du Katanga »
nouveaux marchés
Et de financiarisation :
« les fusions de sociétés » : opération de fusion-acquisition, concentration créant des conglomérats.
« élargit définitivement le courant le courant du revenu réel » : progrès, croissance nette sur le long terme.
Croisement des deux documents
Le premier est sur le court terme, le second plutôt sur une vision au long terme. Le premier décrit une crise catastrophique, le second une évolution cyclique normale avec des moments de crise temporaires. L’un très pessimiste, l’autre un peu plus optimiste (même si à sa question « le capitalisme peut-il survivre », Schumpeter répond par la négative : il lui est souvent arrivé de se tromper).