Doc. : politique de la ville à Vaulx-en-Velin
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Ce sujet est tombé au Liban lors de l’épreuve anticipée du bac en S le 24 mai 2012.
Consigne : en vous appuyant sur l’exemple de Vaux-en-Velin, présentez les raisons qui ont motivé la mise en place de « la politique de la ville ». Quelles formes prend-elle ? Quel bilan pouvez-vous en dresser ?
• Méthode : l’étude critique
Document 1
La ville s’est profondément transformée. Depuis les émeutes de 1990, qui avaient conduit à la création du ministère de la ville, Vaulx-en-Velin (42 000 habitants) n’a cessé d’être en chantier. La commune a bénéficié d’une incroyable liste d’opérations, dont l’énumération laisse rêveur : zones urbaines sensibles, zones franches urbaines, grands projets urbains, grands projets de ville, rénovation urbaine, etc. [...]
À coups de dizaines de millions d’euros, les pouvoirs publics ont rasé des barres d’immeubles délabrés, construit des bâtiments neufs, réhabilité ceux qui n’étaient pas trop abîmés, aménagé des jardins et des parcs laissés à l’abandon, redessiné les rues et les avenues, renouvelé le mobilier urbain. [...]
Paradoxalement, la transformation la plus spectaculaire n’est pas le fait des pouvoirs publics. Vaulx-en-Velin, qui avait été habituée aux acronymes [1] de la politique de la ville (ZUP, ZEP, ZFU) [2] voit désormais fleurir les panneaux de célèbres promoteurs immobiliers (Kaufman & Broad, Nexity, Icade, etc.) vantant des résidences aux noms exotiques (Central Park, Cap vert, Terre-Neuve). Des photos du bonheur futur, « non contractuelles » comme le précisent les publicités, mais qui attirent.
Nexity, par exemple, a réussi à vendre 133 de ses 159 logements neufs en trois jours en octobre 2007.
Le marché réussira-t-il à favoriser la mixité sociale là où les pouvoirs publics ont échoué pendant des décennies ? La hausse continue des prix de l’immobilier pousse les familles des classes moyennes à migrer du centre de l’agglomération vers les villes plus populaires, nettement moins chères. Le chargé de clientèle ne ment qu’à moitié : « il n’y a plus de problème ici, il n’y a plus de quartiers. Ils vont raser les barres HLM et tout rénover. La plupart de nos acheteurs ne viennent pas de Vaulx mais des villes voisines. » [...]
La mairie se frotte les mains. « Il y a dix ou quinze ans, aucun promoteur privé ne voulait venir. Aujourd’hui, non seulement ils viennent mais on peut même leur demander de participer au financement d’équipements publics », note Maurice Charrier, jeune maire en 1990, à nouveau candidat en mars 2008, après vingt-trois années de mandat. Rien que sur les six prochaines années, quelques 5 000 nouveaux appartements devraient voir le jour dans la commune, participant à la lente diminution de la proportion des logements sociaux (70 % du total des logements en 1990, 60 % aujourd’hui, 40 % dans l’avenir).
Mais les anciens restes sceptiques. Ils n’ont pas oublié qu’avant le déclenchement des émeutes de 1990, la ville était déjà présentée comme un modèle de réhabilitation et que l’accès à l’emploi [3] est toujours aussi problématique pour les jeunes issus de l’immigration malgré la présence de quelques 2 000 entreprises à Vaulx-en-Velin et les innombrables dispositifs mis en place au fil des ans.
Source : Luc Bronner, « Banlieue d’essai », Le Monde, n° 19589, 16 janvier 2008.
Document 2. Projet de rénovation du quartier de la Grappinière (commune de Vaulx-en-Velin)
Source : d’après « Vaulx-en-Velin, grand projet de ville », juin 2010. (Document émanant de la commune de Vaulx-en-Velin et de la communauté urbaine de Lyon)
http://www.gpvvaulxenvelin.org/Projets-par-quartiers/Grappiniere/Operations-en-cours
Proposition de correction
En 1990, des émeutes éclatent à Vaulx-en-Velin dans la banlieue lyonnaise. Ces événements très médiatisés entraînent la création du ministère de la Ville, chargé de mener une « politique de la ville », c’est-à-dire un ensemble de mesures destinées à réduire la fracture urbaine entre les quartiers favorisés et les quartiers populaires. Les deux documents fournis sont d’une part un article du journal Le Monde datant de 2008, présentant les transformations qu’a connu Vaulx-en-Velin depuis 1990, et d’autre part un croquis réalisé par la commune montrant un projet de rénovation d’un quartier. Ces documents permettent d’étudier la politique de la Ville à travers l’exemple symbolique de Vaulx-en-Velin. Nous verrons donc d’abord les raisons, puis les modalités et enfin le bilan de cette politique.
Raisons
- Problèmes antérieurs : commune avec essentiellement du bâti collectif et de l’habitat social ; chômage important ; délabrement des logements ; paupérisation ; nombreux foyers non imposables.
- Émeutes de 1990 : réaction politique du gouvernement socialiste avec la création d’un ministère et le début du déblocage de quelques fonds.
Modalité
- Opérations publiques : fortes dépenses liées aux opérations d’aménagement à acronymes tel que ZUP, ZEP et ZFU ; rénovation urbaine du parc locatif et des équipements municipaux.
- Implication du privé : entreprises attirées par la ZFU (zone franche urbaine, pas d’impôt sur les entreprises) ; arrivée de promoteurs immobiliers pratiquant la résidentialisation.
Bilan
- Aspects positifs : un peu de mixité sociale, rénovation du parc immobilier, développement des résidences privées ; augmentation des entrées fiscales de la municipalité.
- Aspects négatifs : habitat social est toujours largement dominant ; augmentation du chômage, pas de changement de l’image de la commune.
Regard critique : le doc 2 est nettement promotionnel (il émane de la commune), insistant sur les quelques aménagements, gommant le fait que le quartier reste constitué de barres HLM.
[1] Acronyme : signe.
[2] ZUP : zone à urbaniser en priorité ; ZEP : zone d’éducation prioritaire ; ZFU : zone franche urbaine.
[3] Entre 1999 et 2008, le taux de chômage de la commune est passé de 12,4 % des actifs à 20,8 %, et le nombre de foyers fiscaux non imposables de 58,4 % à 62,7 %.