Corrigé : American people

La répartition de la population des États-Unis
mardi 16 octobre 2018
par  Julien Daget

• Sujet de l’étude critique : Doc. : American people


Introduction
Une Dot Map, qui peut se traduire en français par « carte par points », est une façon devenue courante de représenter la répartition d’une population. En 2013, dans un contexte de débats sur les inégalités entre communautés aux États-Unis, les chercheurs en démographie de l’Université de Virginie [1] à Charlottesville (dans un ancien État esclavagiste sécessionniste ; la ville de la manifestation raciste de 2017 [2]), dirigés par Dustin A. Cable [3], ont publié en ligne [4] la carte zoomable appelée Racial Dot Map. Basée sur les données du recensement de 2010, la carte est composée d’un peu plus de 308 millions de points, chacun représentant théoriquement [5] la localisation d’un habitant (les citoyens ainsi que les étrangers) aux États-Unis [6].

Ils y rajoutèrent un code de couleur correspondant aux groupes ethniques ou communautés déclarés (les Américains utilisent officiellement le terme de races) lors du recensement [7] : des points de couleur bleu pour ceux qui ont coché White, vert pour la réponse Black, rouge pour Asian, orange pour Hispanic et marron pour Other Race / Native American / Multi-racial. La réponse des résidents est basée sur leur auto-identification ; selon l’US Census, il s’agit d’une notion sociale, pas biologique [8] ; vue d’Europe, il s’agit d’une notion raciste (nous utilisons la notion de « groupes ethniques », ou de « communautés ») [9].
Un tel document de visualisation permet d’étudier la répartition de la population des États-Unis, étude qu’on peut mener à plusieurs échelles : d’abord au niveau national, puis au niveau métropolitain.


Première partie : l’échelle nationale

Répartition de la population des États-Unis
par Dustin A. Cable.

Dustin A. Cable, The Racial Dot Map : One Dot Per Person for the Entire United State, July 2013. → http://demographics.virginia.edu/DotMap/

Un peuplement inégal
L’inégale répartition de la population sur l’ensemble du territoire des États-Unis s’explique classiquement d’une part par des raisons naturelles, d’autre part par des raisons historiques.

Les États-Unis, malgré une population estimée en octobre 2017 à un total de 326 millions d’habitants, n’a qu’une densité assez faible étant donné l’immensité de son territoire : elle est seulement de 35 hab./km² (115 hab./km² pour la France métropolitaine, 411 aux Pays-Bas) en moyenne. Cette faible densité peut s’expliquer par un peuplement tardif du territoire, par immigration massive depuis le XIXe siècle.
D’une façon grossière, les densités dessinent deux subdivisions : la moitié orientale, plutôt densément peuplée (c’est un des principaux foyers de peuplement de la planète), et la moitié occidentale, franchement désertique, séparées à peu près par le 100e méridien ouest. Par exemples, la densité de l’État de Pennsylvanie (où se trouvent les villes de Philadelphie et de Pittsburgh) est en moyenne de 106 hab./km², tandis que celle du Nevada (État surtout connu pour Las Vegas) est de seulement 9 hab./km². Les conditions naturelles expliquent cette césure : si à l’est le climat est plutôt humide, continental au nord-est et subtropical au sud-est, l’ouest est nettement aride et montagneux, mis à part le littoral du Pacifique. En conséquence, l’agriculture n’est souvent envisageable dans les Grandes Plaines et dans les bassins à l’ouest des Rocheuses qu’avec l’irrigation, d’où des densités rurales quasi nulles : un peu plus d’un million de km² y sont encore dans le domaine public (Public Land) [10].

Le climat subarctique de l’Alaska et son isolement en font un État désertique (0,43 hab./km²), très faiblement mis en valeur. Le caractère montagneux et volcanique d’Hawaï, à 3 800 km à l’ouest de la côte Ouest, fait que seul le littoral est peuplé.

Le déterminisme naturel n’est pas le seul responsable, se rajoute l’histoire du peuplement. 90 % de la population descendent d’immigrés européens et africains qui ont traversé l’Atlantique, complétés par 5,7 % d’Asiatiques qui sont arrivés par le Pacifique. En conséquence, on remarque un gradient d’est en ouest, les densités décroissent au fur et à mesure qu’on s’éloigne des ports d’entrée (essentiellement New York, Philadelphie, Baltimore et Savannah sur la côte Est, San Francisco puis Los Angeles sur la côte Ouest), avec les Appalaches comme première barrière. On retrouve cette progression vers l’ouest (la « conquête de l’Ouest ») le long des axes ferroviaires transcontinentaux bien visibles car en ligne droite dans les Grandes Plaines, ainsi qu’avec les dates d’intégration politique des territoires au sein de l’Union : la Pennsylvanie est un des États fondateurs en 1787 (le deuxième à ratifier la Constitution), tandis que le Nevada n’est membre que depuis 1864, l’Alaska et Hawaï qu’en 1959.
La population est urbaine à 82 % [11], se concentrant dans de vastes agglomérations (phénomène de métropolisation), notamment celles du Nord-Est, dans la plaine littorale (la mégalopole de la « BosWash » : Boston, New York, Philadelphie, Baltimore et Washington) ou sur les rives des Grandes Lacs (Cleveland, Détroit, Chicago et Milwaukee). Se rajoute la Californie, qui est l’État le plus peuplé (39 millions de Californiens en 2016) [12], avec surtout la mégapole centrée sur Los Angeles. Les dernières vagues d’immigration se sont essentiellement concentrées dans ces agglomérations.

La répartition ethnique : l’échelle métropolitaine
Les données « raciales » à l’échelle nationale sont au 1er juillet 2016 : 76,9 % White, 13,3 % Black, 5,7 % Asian, 2,6 % two or more races, 1,3 % American Indian et 0,2 % Pacific Islander ; sont compris dans ces chiffres les 17,8 % qui se qualifient d’Hispanic [13].
L’intégration à la carte de ces données nous donne une répartition très inégale des différents groupes. Les 223 millions d’Américains [14] qui se sont mis dans la catégorie White forment le fond bleu de la carte, surtout en zone rurale et dans les petites villes : il s’agit du groupe dominant (notamment les WASP : White Anglo-Saxon Protestant, sur-représentés parmi l’élite étasunienne). Dans quelques rares cas, ils sont minoritaires, notamment à Hawaï (à 24 % en 2010).
Les 50 millions d’Hispaniques sont nombreux dans les principales métropoles, ainsi que dans six États : Californie, Nevada, Arizona, Nouveau-Mexique, Texas et Floride [15]. Il s’agit de territoires anciennement espagnols (pour cinq d’entre-eux se sont d’ailleurs des États officiellement bilingues), avec en prime une nombreuse immigration mexicaine et cubaine.

Les 39 millions d’Afro-Américains se concentrent dans les principales métropoles, ainsi que dans le Sud-Est [16], y compris en milieu rural dans ce que les géographes américains appellent la Black Belt. Le lien avec l’ancien système esclavagiste est évident (le Sud-Est est aussi surnommé la Cotton Belt. L’abolition en 1865 entraînant une migration vers les villes industrielles du Nord-Est (la Great Migration).
Les 14 millions d’Américains d’origine asiatique (« Asio-Américains », surtout Chinois, Philippins, Indiens, Vietnamiens, Coréens et Japonais) vivent essentiellement dans les grandes agglomérations, tout particulièrement dans le Sud de la Californie. L’explication est simple : arrivés tardivement, ils se sont installés sur la côte Ouest et à New York, zones particulièrement attractives.
Les trois millions d’Amérindiens (Native Americans) sont presque invisibles sur la carte : la colonisation de leurs terres par les migrants européens les a quasiment exterminé. Ils ne forment une minorité notable que dans leurs réserves (Indian Reservations), notamment à la limite nord entre l’Arizona et le Nouveau-Mexique (la réserve des Navajos), dans le Dakota du Sud (celles des Sioux) et en Oklahoma (les Cherokees) [17].
Il reste enfin les 540 000 Océano-Américains (Pacific Islanders) sur l’archipel hawaïen, ainsi que les neuf millions qui ont coché plusieurs cases (le métissage est ancien), totalement noyés dans la masse, et les 19 millions qui ont indiqué une autre réponse que celles proposées (correspondant aux Other Race de la carte).


Seconde partie

Cette répartition inégale se retrouve logiquement aussi à l’échelle locale.

Washington
par Dustin A. Cable.

L’aire métropolitaine de Washington, Arlington et Alexandria est peuplée de 5,6 millions d’habitants selon le recensement de 2010 (6,1 millions estimés en juillet 2016).
Par rapport aux autres agglomérations, les densités ne sont pas très fortes, d’abord car elle comporte très peu d’immeubles (une décision prise dès le XIXe siècle pour des raisons hygiénistes), ensuite parce que de nombreuses zones ne sont pas habitées : il y a d’abord les cours d’eau du Potomac et de l’Anacostia, le Rock Creek Park au nord-ouest, l’Arboretum au nord-est, les bâtiments et pelouses du centre-ville administratif (autour du National Mall) et de nombreux terrains militaires (le Naval Yard et Fort Lesley J. McNair au sud du centre-ville, le Pentagone et le cimetière d’Arlington à l’ouest, la base aérienne d’Andrews au sud-est et la station navale d’Anacostia plus au sud).
Le district fédéral n’est peuplé que de 601 723 habitants en 2010 : la très grande majorité de la population habite dans les banlieues pavillonnaires (les suburbs), qui s’étalent dans un rayon de 40 km (l’aéroport de Dulles y est incrusté 35 km à l’ouest). Ce phénomène de « périurbanisation » est déterminé par la mobilité de la population, dépendante de l’automobile et du faible coût de l’essence, engendrant d’importants flux pendulaires.

Sur le plan ethnique, Washington est marquée par une forte disparité spatiale, la moitié occidentale étant massivement blanche, tandis que la moitié orientale est noire. La séparation est nette, avec la 16e rue (16th Street Northwest) servant de frontière au nord de la Maison-Blanche, puis l’estuaire du Potomac au sud. Cette division correspond à la limite entre les « quadrants » (Washington DC est subdivisée en quatre quadrants) Nord-Ouest (blanc) et Nord-Est (noir) de la ville. Une telle ségrégation se retrouve dans les villes du Sud-Est, exemples à Atlanta (en Géorgie) ou à Birmingham (dans l’Alabama), mais aussi à Détroit.
Le district fédéral a la particularité d’être majoritairement peuplé d’Afro-Américains, à raison de 50 % de Noirs pour 28 % de Blancs [18]. L’explication se trouve dans la proximité de la Black Belt, le Potomac servant de frontière entre le Maryland au nord et la Virginie au sud, tous les deux des anciens États esclavagistes : les esclaves, une fois affranchis, s’installèrent dans la capitale. Le centre-ville est majoritairement blanc autour du cœur monumental, notamment sur Capitol Hill ; on trouve aussi une petite Chinatown ; par contre, les quartiers plus périphériques sont noirs, notamment Trinidad et Langdon.
La banlieue Ouest est particulièrement riche, notamment Bethesda (où se trouve le lycée français) [19] dans le Maryland et à Arlington (le comté avec le revenue moyen le plus élevé des États-Unis) en Virginie. Alexandria accueille surtout des fonctionnaires fédéraux, notamment ceux de la Défense. La banlieue Est est plus modeste, même si le comté du Prince George est le comté majoritairement noir le plus riche de l’Union. Il y a quelques communautés hispaniques, notamment autour de Columbia Heights.

New York
par Dustin A. Cable.

L’aire métropolitaine de New York, de Newark et de Jersey City compte 19,5 millions d’habitants en avril 2010 (20,1 millions estimés en juillet 2016), dont 8,5 millions de New-Yorkais. C’est la principale agglomération des États-Unis, ce qui s’explique par son rôle de porte d’entrée pour les immigrants depuis deux siècles, rôle qui se poursuit : il y aurait en 2015 environ 5,6 millions nés à l’étranger, soit un quart de la population [20].
D’une part les densités du centre-ville new-yorkais atteignent des records pour les États-Unis (l’île de Manhattan a 27 798 hab./km² en moyenne), d’autre part les banlieues s’étendent encore plus loin qu’ailleurs, sur quatre États : New York, New Jersey, Connecticut et Pennsylvanie.
De vastes espaces ne sont pas habités : la baie de Newark, l’estuaire de l’Hudson, la rade de New York et l’East River évidemment, les terminaux portuaires du New Jersey, les aéroports (Newark, LaGuardia et JFK), Central Park, les entrepôts bordant Newtown Creek, le cimetière de Cypress Hills, ainsi que les quartiers d’affaires (CBD) de Manhattan.

Le recensement de 2010 donne pour l’aire métropolitaine une population à 51,7 % blanche, 21,7 % hispanique, 15,3 % noire, 9 % asiatique, 1,6 % métis, 0,5 % autres et 0,2 % amérindienne [21]. Ces chiffres cachent en fait une très grande diversité, New York étant depuis deux siècles la principale porte d’entrée de la côte Est pour les immigrants et la métropole la plus influente de la planète, ce qui en a fait l’archétype de l’agglomération cosmopolite. Malgré un certain mélange (le melting pot), le communautarisme a créé ce que les Américains appellent des ethnic enclaves, que ce soit dans le centre comme en banlieue, avec des évolutions, des quartiers changeant d’identité en quelques décennies (avec phénomènes de white flight).
Manhattan héberge les exemples les plus connus de quartiers communautaires : West Side (notamment Greenwich Village et Hell’s Kitchen [22]) et la Upper East Side (où se trouvent le lycée français [23] et la luxueuse Cinquième avenue) sont blanches ; le Nord du Lower East Side, l’East Harlem (El Barrio), West Harlem et Washington Heights sont hispaniques ; Central Harlem est noire ; tandis que le Sud du Lower East Side est asiatique (Chinatown), ainsi qu’une partie de Midtown (Koreatown).
On retrouve cette imbrication de communautés plus loin du centre :
Weehawken et Guttenberg (au nord de Jersey City), le Sud du Bronx, Jackson Heights (Nord-Ouest du Queens), Brooklyn Manor et Sunset Park (Sud de Brooklyn) sont surtout hispaniques ;
• le Nord du Bronx, Bedford-Stuyvesant, Crown Heights et Flatbush (centre de Brooklyn) ainsi que le Sud du Queens (à partir de l’Atlantic Avenue et de la Main Line [24]) sont principalement noirs ;
Palisades Park (New Jersey : Coréens), New Utrecht et Sunset Park (Sud-Ouest de Brooklyn), Woodside (Ouest du Queens : Philippins), Elmhurst, le Nord-Est du Queens (de Flushing jusqu’à Atlantic Avenue) et Richmond Hill (Sud-Ouest du Queens : sikhs) sont asiatiques ;
• tandis que Staten Island, Bayonne, Hoboken, Astoria (Nord-Ouest du Queens : Grecs), Rego Park, Forest Hills et Kew Gardens (juifs), Greenpoint (Polonais), Bay Ridge (Arabes) sont blanches, tout comme la majorité de la grande banlieue.

Los Angeles
par Dustin A. Cable.

L’aire métropolitaine de Los Angeles, Long Beach et Anaheim comptait 12,8 millions d’habitants en avril 2010 (estimés à 13,3 millions en juillet 2016) [25], dont 3,7 millions d’Angelenos.
La densité de population est plus faible qu’à New York, avec un fort étalement urbain (urban sprawl), la majorité des habitations étant des maisons individuelles (à l’exception du Wilshire Boulevard, de 25 km de long). Toute la plaine littorale est couverte par l’agglomération, débordant par-dessus les monts Santa Monica dans la vallée de San Fernando au nord, ainsi qu’au-delà des Puente Hills dans la vallée de San Gabriel à l’est.
Au lieu d’un centre-ville entouré de banlieues de moins en moins denses, l’agglomération de Los Angeles a plusieurs centres (polycentrisme) : Downtown (le quartier d’affaires de l’ancien centre), City of Commerce (une zone industrielle), le port de Long Beach, Westwood (avec l’UCLA), les aéroports (LAX, Long Beach, John Wayne, etc.), les bases militaires (la Navy a un vaste dépôt de munitions à Seal Beach, l’US Army est basée à Los Alamitos, la base des dirigeables était à Tustin), des zones boisées (les montagnes et le parc Griffith), la zone d’activités d’Anaheim (où se trouve Disneyland depuis 1955), les studios de cinéma (Universal à Universal City, Warner et Disney à Burbank, Sony à Culver City, Century Fox à Century City et Paramount à Hollywood), Pasadena (avec le campus de Caltech, ainsi que le Jet Propulsion Laboratory de la NASA), City of Industry (une ville industrielle [26]), etc. Ces centres sont reliés entre-eux par les nombreuses autoroutes urbaines (cf. l’échangeur entre les Interstates 105 et 110). Les déplacements se font essentiellement en automobile.

Le recensement indique qu’il y a 37,6 % d’hispaniques en Californie ; seulement 55 % de la population parle anglais à domicile. Comme explication, d’une part il s’agit d’un territoire qui fut espagnol, puis mexicain jusqu’en 1848, d’autre part l’immigration y est forte, venant de l’Amérique latine voisine et d’Asie. On retrouve les hispaniques majoritaires dans toute la moitié orientale de Los Angeles (Eastside), atteignant 94 % de la population à Boyle Heights, 94 % à Huntington Park et Walnut Park, 95 % à Maywood et 96 % à East Los Angeles [27].
Les Afro-Américains sont plus minoritaires, sauf à Inglewood [28] et à South Central (renommé South Los Angeles en 2003, pour faire oublier les émeutes de 1992).
Les Asiatiques sont plus présents que dans les autres métropoles, avec des quartiers communautaires y compris en grande banlieue (notion d’ethnoburb) [29] : à Westwood (les Iraniens de Tehrangeles, alias Persian Square), dans East Hollywood (Thai Town), à Downtown (Chinatown et Little Tokyo), à San Gabriel et Rosemead dans la vallée de San Gabriel, Westminster et Garden Grove (Little Saigon) dans le comté d’Orange.
Les Blancs non-hispaniques ne sont majoritaires que dans les quartiers riches du Westside (où est installé le lycée français [30]), au pied des monts Santa Monica, notamment dans le Platinium Triangle (Beverly Hills, Holmby Hills et Bel Air), à Malibu, Santa Monica et West Hollywood. On les retrouve aussi en bord de mer (Pacific Palisades, Santa Monica et jusqu’à Palos Verdes Estates) et au sud dans le comté d’Orange (notamment à Huntington Beach).


Conclusion
La carte étudiée montre le résultat des flux migratoires à destination du territoire des États-Unis d’Amérique, flux qui se poursuivent actuellement (13 % des habitants sont nés à l’étranger). Il se trouve que ce document a été publié dans un contexte un peu tendu aux États-Unis de débats autour de l’immigration, le recensement de 2010 marquant un changement, la principale minorité du pays étant désormais les Hispaniques plutôt que les Afro-Américains.
Mais en plus d’un risque de détournement raciste du document, on peut rajouter quelques critiques : ces catégories de « blancs », « noirs » ou « asiatiques » regroupent des origines très variées. Quel est le point commun entre des Iraniens et des Japonais ? Des Kenyans et des Antillais ? Le groupe blanc, qui forme le fond bleu de la carte, ne correspond pas en fait à la domination WASP, car il est lui aussi divisé en une multitude de communautés.

Pour terminer sur une note optimiste, Barack Obama disait en 2004 : « Now even as we speak, there are those who are preparing to divide us, the spin masters, the negative ad peddlers who embrace the politics of anything goes. Well, I say to them tonight, there is not a liberal America and a conservative America – there is the United States of America. There is not a black America and white America and Latino America and Asian America ; there is the United States of America. » [31]

Exemple d’un Américain en train de répondre au questionnaire du recensement de 2010 :

Pete Souza, President Barack Obama fills out his 2010 Census form in the Oval Office, March 29, 2010.

[2La Manifestation « Unite the Right » à Charlottesville les 11 et 12 août 2017, qui a fait trois morts et 38 blessés.

[3Dustin A. Cable a quitté son poste d’enseignant-chercheur à l’université de Virginie pour rejoindre les employés de Facebook, comme « responsable data support & recherches » au sein de la division des politiques & communication.

[4À l’adresse http://demographics.coopercenter.org/DotMap/index.html, puis sur https://demographics.virginia.edu/DotMap/. Les fichiers du code-source ont été mis en ligne à l’adresse https://github.com/unorthodox123/RacialDotMap

[5La localisation des points représentant les habitants est en fait approximative au sein de chaque block (l’équivalent d’un gros pâtée de maisons).

[6Une précédente carte avait été réalisée par l’équipe du MIT dirigée par Brandon Martin-Anderson, mais sans l’aspect raciste. Une autre a été réalisée par Andrew Whitby avec le recensement 2011 en Angleterre, au Pays de Galles et en Irlande du Nord, comprenant la répartition par ethnic groups (http://projects.andrewwhitby.com/uk-ethnicity-map/).

[7Le questionnaire du recensement 2010 (cf. https://www.census.gov/2010census/pdf/2010_Questionnaire_Info.pdf) comprenait la question What is Person 1’s race ? Mark ✘ one or more boxes. Les réponses proposées étaient les suivantes : □ White □ Black, African Am., or Negro □ American Indian or Alaska Native – Print name of enrolled or principal tribe. □ Asian Indian □ Chinese □ Filipino □ Other Asian – Print race, for example, Hmong, Laotien, Thai, Pakistani, Cambodian, and so on. □ Japanese □ Korean □ Vietnamese □ Native Hawaiian □ Guamanian ou Chamorro □ Samoan □ Other Pacific Islander – Print race, for example, Fijian, Tongan, and so on. □ Some other race – Print race.

[8https://www.census.gov/topics/population/race/about.html → Kenneth Prewitt, What Is Your Race ? The Census and Our Flawed Efforts to Classify Americans, Princeton, Princeton University Press, 2013, 271 p.

[9L’emploi du terme de « race » en français n’est pas acceptable dans l’étude de ce document. Des élèves ont utilisé les notions de « race blanche », de « personnes de couleurs » et de « civilisation noire et blanche » sans se rendre compte de ce qu’ils écrivaient.

[10Le domaine public est géré par le Bureau of Land Management (BLM), le Forest Service, le Bureau of Indian Affairs (pour les réserves), le National Park Service, le Fish and Wildlife Service et le département de la Défense (pour les terrains militaires).

[19Le lycée Rochambeau se trouve au 9600 Forest Road à Bethesda.

[22Hell’s Kitchen, alias le quartier de Clinton (Midtown West), est particulièrement irlandais et italien ; il a été illustré par les films West Side Story, Bringing Out the Dead, Sleepers, State of Grace et Daredevil.

[23Vous trouverez le lycée français de New York au 505 East 75th Street.

[24La Main Line est un axe ferroviaire de la Long Island Railroad. Dans le Queens, elle fait séparation entre le Nord asiatique et le Sud afro-américain au niveau de Jamaica Station.

[26Au sens propre du terme : il n’y presque que des industries, presque pas d’habitants (219 en 2010, soit une densité de 7 hab./km²) et surtout pas de taxe professionnelle. Le Puente Hills Mall est connu pour être le site de tournage de la scène du parking (le « Twin Pines Mall ») dans Retour vers le Futur en 1985.

[28L’action du film Chocolate City de 2015 se situe à Inglewood.

[29Wei Li, « Anatomy of a New Ethnic Settlement : The Chinese Ethnoburb in Los Angeles », Urban Studies, n° 35, 1998. → http://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1080/0042098984871

[30Le lycée français de Los Angeles propose une formation bilingue de la maternelle jusqu’au bac. Les Preschool et premiers grades sont sur trois sites (dont deux à Pacific Palisades) ; l’Elementary, la Middle Schools et la High School sont à Palms (au 10309 W. National Boulevard, par loin des studios Sony, ex MGM).

[31Obama était alors sénateur de l’Illinois ; il s’agit d’un extrait de son discours lors de la convention démocrate de juillet 2004. → http://p2004.org/demconv04/obama072704spt.html → https://www.youtube.com/watch?v=eWynt87PaJ0