Les premiers cuirassés
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Les innovations de la révolution industrielle trouvèrent rapidement des applications militaires, tout particulièrement pour la construction de navires de guerre. Le moteur à vapeur fut installé dans des navires (appelés steamer en anglais) dès le début du XIXe siècle, d’abord pour des navires à aubes (remorqueurs et navires fluviaux), puis pour des navires propulsés par une ou deux hélices (le premier fut la goélette Archimedes, en 1838), des frégates dès les années 1840, puis le vaisseau le Napoléon (construit en 1848-1850).
Les marines de guerre française et britannique convertirent rapidement tous leurs vaisseaux avec ce nouveau mode de propulsion, leur permettant d’atteindre une vitesse maximale de 15 nœuds (les vaisseaux à voile se trainaient péniblement à un maximum de 7 à 9 nœuds, les frégates jusqu’à 11 nœuds).
Dans le même temps, les progrès métallurgiques permirent de développer des obus explosifs capables de déchiqueter et d’incendier la structure en bois des navires, tirés par un canon-obusier (le premier fut le canon Paixhans) tirant jusqu’à trois kilomètres avec une trajectoire légèrement courbée, rendant obsolète l’intégralité des flottes de guerre.
La réponse fut de protéger les coques avec des plaques de blindage en fer. Les premiers essais furent des batteries flottantes [1] utilisée pendant la guerre de Crimée (1853 à 1856), puis ce fut la frégate cuirassé la Gloire (construite en 1858-1860), à coque en bois et blindage en fer. La réponse immédiate britannique fut le HMS Warrior (construit en 1859-1860) à coque intégralement en fer, lançant le début d’une nouvelle course aux armements entre les deux marines. On passa aux coques en acier avec le cuirassé Le Redoutable (1873-1876), auquel répondit les croiseurs HMS Iris (1875-1879) et Mercury (1876-1879).
Le Warrior
Le HMS Warrior est le premier navire de guerre à coque métallique, propulsé par une machine à vapeur. Classé comme frégate cuirassée (broadside ironclad) à cause de sa vitesse élevée pour l’époque, il est protégé par un blindage de quatre pouces et demi (11 cm) mettant une partie de sa coque (seulement la batterie et la salle des machines, pas le gouvernail) à l’abri de l’artillerie de l’époque. Son armement était de dix canons de 7 pouces (le nouveau modèle Armstrong à âme rayée, tirant des obus de 110 livres et de 177 mm de diamètre), 26 canons de 68 livres (206 mm, plus classiques car tirant des boulets) et quatre canons Armstrong de 40 livres (soit 120 mm).
La consommation en charbon était tellement élevée que des mâts et des voiles furent maintenus par sécurité, avec uniquement des patrouilles dans les eaux européennes. Les premiers cuirassés étaient donc incapables de mener des missions océaniques, d’où le maintien d’une flotte se déplaçant à la voile.
Une nouvelle course aux armements débuta entre les grandes puissances, ce qui fit que le Warrior fut très vite périmé. Lancé en 1860, il est retiré du service dès 1881. Il est désormais lui aussi un navire-musée (à côté du Victory), à quai à Portsmouth, d’où la photo ci-dessus.
[1] Les françaises Lave, Tonnante et Dévastation, ainsi que les britanniques Glatton et Meteor.