Doc. – Du rôle du citoyen (Mendès France et Debré)

démocratie participative vs démocratie représentative
dimanche 15 septembre 2019
par  Julien Daget

Consigne – En remettant les deux auteurs dans leur contextes, en confrontant les documents et en vous appuyant sur vos connaissances (et quelques recherches ?), analysez ces deux façons de voir le rôle du citoyen.
Capacité d’analyser : l’étude critique


Le problème de l’individu est de vivre d’abord sa vie quotidienne. Ses soucis personnels et ceux de sa famille l’absorbent ; le nombre des citoyens qui suivent les affaires publiques avec le désir d’y prendre part est limité. Il est heureux qu’il en soit ainsi. La cité, la nation, où chaque jour, un grand nombre de citoyens discuterait de politique serait proche de sa ruine. Le simple citoyen, qui est un vrai démocrate, se fait, en silence, un jugement sur le gouvernement de son pays et, lorsqu’il est consulté, à dates régulières, pour l’élection d’un député par exemple, exprime son accord ou son désaccord. Après quoi, comme il est normal et sain, il retourne à ses préoccupations personnelles qui ont leur grandeur, ne serait-ce que par ce qu’elles ont de nécessaire, non seulement pour chaque individu, mais pour la société.

Michel Debré, Ces princes qui nous gouvernent : lettre aux dirigeants de la nation, Paris, Plon, collection « Tribune libre », n° 7, 1957, 206 p, p. 59-60.


La démocratie ne consiste pas à mettre épisodiquement un bulletin dans une urne, à déléguer les pouvoirs à un ou plusieurs élus puis à se désintéresser, s’abstenir, se taire pendant cinq ans. Elle est action continuelle du citoyen non seulement sur les affaires de l’État, mais sur celles de la région, de la commune, de la coopérative, de l’association, de la profession. Si cette présence vigilante ne se fait pas sentir, les gouvernements (quels que soient les principes dont ils se recommandent), les corps organisés, les fonctionnaires, les élus, en butte aux pressions de toute sorte de groupes, sont abandonnés à leur propre faiblesse et cèdent bientôt, soit aux tentations de l’arbitraire, soit à la routine et aux droits acquis... La démocratie n’est efficace que si elle existe partout et en tout temps. Le citoyen est un homme qui ne laisse pas aux autres le soin de décider de son sort commun. Il n’y a pas de démocratie si le peuple n’est pas composé de véritables citoyens, agissant constamment en tant que tels.

Pierre Mendès France, La République moderne : propositions, Paris, Gallimard, collection « Idées », n° 18, 1962, 256 p.


Du rôle des citoyens
une page ; CC BY-NC-SA
par Julien Daget.