Doc. : la rupture sino-soviétique

lundi 10 juillet 2017
par  Julien Daget

Consigne : en analysant les documents, notamment en expliquant leurs arguments, vous montrerez que les deux points de vue sont tellement irréconciliables qu’ils correspondent à une schisme du mouvement marxiste-léniniste.
Méthode : l’analyse de doc(s)


Ce ramassis de parfaits bourgeois qu’est la clique de renégats révisionnistes usurpe le pouvoir en URSS, où elle a annulé les conquêtes de la grande révolution socialiste d’octobre et entreprend à l’heure actuelle de restaurer le capitalisme dans tous les domaines. [...] En politique extérieure, cette clique révisionniste sui systématiquement la ligne contre-révolutionnaire et, loin de soutenir le mouvement révolutionnaire des peuples du monde, le trahit et même le réprime : d’une politique de chauvinisme de grande puissance et d’égoïsme nationaliste, elle a évolué vers une politique sociale-impérialiste et néocolonialiste menée en collaboration avec l’impérialisme américain avec lequel elle cherche à se partager le monde. [...]

Les révisionnistes soviétiques sapent sans sourciller les mouvements révolutionnaires des peuples du monde tout en prétendant accomplir leurs devoirs internationalistes prolétariens. Et c’est sous le couvert de cette profession de foi qu’ils s’infiltrent économiquement et militairement dans les pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine. C’est aussi sous ce prétexte qu’ils contrôlent et pillent certains pays d’Europe centrale.

Le Quotidien du Peuple (journal officiel du PCC), 9 janvier 1969.


Mao Zetong s’est toujours appuyé sur les paysans et non sur le prolétariat. Staline reprochait justement à Mao son déviationnisme. Mais le fait est que Mao, en s’appuyant sur les paysans et en ignorant le prolétariat, remporta la victoire. [...] Après l’arrivée au pouvoir de Mao, ses relations avec Staline se tendirent très vite dans les domaines de la coopération commerciale et industrielle aussi bien qu’au niveau idéologique. Malgré nos propres difficultés [...] nous avions investi en Chine des sommes considérables.

À l’instigation de Mao, les Chinois commencèrent à affirmer que la distribution de biens matériels en rapport avec la quantité et la qualité du travail fourni telle que la prônaient les Soviétiques était un principe bourgeois. Mao déclarait aussi que la coexistence pacifique était un concept pacifiste bourgeois. [...] Son chauvinisme et son arrogance me faisaient froid dans le dos. Par la suite, la presse chinoise, inspirée par Mao, se mit à proclamer que Vladivostok était en territoire chinois.

Nikita Sergeevich Khrushchev (trad. Strobe Talbott), Khrushchev remembers, Boston, Little Brown, 1970.
Nikita Khrouchtchev [1] (trad. Paul Chwat, Pierre Girard et Raymond Olcina), Souvenirs, Paris, Robert Laffont, 1971.


[1Nikita Sergueïevitch Khrouchtchev a occupé la fonction de premier secrétaire du PCUS (c’est-à-dire de dirigeant de l’URSS) de 1953 à 1964. Mis à la retraite forcée par ses adversaires politiques, il dicta ses mémoires à partir de 1966 : son fils en fit exfiltrer à l’Ouest la majeure partie. Khrouchtchev est mort en 1971.