Doc. – Les Amérindiens ont-ils des droits ?

la controverse de Valladolid
mercredi 24 mai 2017
par  Julien Daget

Consigne : après avoir présenté les deux documents, vous analyserez leurs points de vue sur les conséquences des grandes découvertes, expliquant pourquoi chacun présente ainsi les conquis et les conquérants. Les deux auteurs, tous les deux ecclésiastiques, se sont affrontés à coups d’arguments devant un jury de théologiens, lors de la controverse de Valladolid en 1550-1551.
Méthode : l’analyse de document(s)


Document 1

Les Indiens demandent, de par leur nature et dans leur propre intérêt, à être placés sous l’autorité des princes ou d’États civilisés et vertueux dont la puissance, la sagesse et les institutions leur apprendront une morale plus haute et un mode de vie plus digne. […]
Comparez ces bienfaits dont jouissent les Espagnols – prudence, invention, magnanimité, tempérance, humanité et religion – avec ceux de ces hommelets si médiocrement humains, dépourvus de toute science et de tout art, sans monument du passé autre que certaines peintures aux évocations imprécises. Ils n’ont pas de lois écrites, mais seulement des coutumes, des traditions barbares. Ils ignorent même le droit de propriété. […]
Comment douter que des peuples aussi peu civilisés, aussi barbares, souillés de tant d’impuretés et d’impiétés, n’aient été justement conquis par un souverain aussi excellent, pieux et juste, que l’était Ferdinand le Catholique et que l’est l’empereur Charles, et par une nation aussi humaine, aussi riche de toutes sortes de vertus ?

Juan Ginés de Sepúlveda, Democrates alter : De justis causis belli apud indium [Des justes causes de la guerre contre les Indiens], Rome, 1544.
http://www.cervantesvirtual.com/obra-visor/j-genesii-sepulvedae-cordubensis-democrates-alter-sive-de-justis-belli-causis-apud-indos--demcrates-segundo-o-de-las-justas-causas-de-la-guerra-contra-los-indios-0/html/0095ca52-82b2-11df-acc7-002185ce6064_14.html#I_0_


Document 2

À ceux qui prétendent que les Indiens sont des barbares, nous répondrons que ces gens ont des villages, des cités, des rois, des seigneurs et leur organisation politique est parfois meilleure que la nôtre. Si l’on n’a pas longtemps enseigné la doctrine chrétienne aux Indiens, c’est une grande absurdité que de prétendre leur faire abandonner leurs idoles. Car personne n’abandonne de bon cœur les croyances de ses ancêtres. Que l’on sache que ces Indiens sont des hommes et qu’ils doivent être traités comme des hommes libres. […]

Alors que les Indiens étaient si bien disposés à leur égard, les chrétiens ont envahi ces pays tels des loups enragés qui se jettent sur de doux et paisibles agneaux. Et comme tous ces hommes qui vinrent de Castille étaient gens insoucieux de leur âme, assoiffés de richesses et possédés des plus viles passions, ils mirent tant de diligence à détruire ces pays qu’aucune plume, certes, ni même aucune langue ne suffirait à en faire relation. Tant et si bien que la population, estimée au début à onze cent mille âmes, est entièrement dissipée et détruite, s’il est vrai qu’il n’en reste pas aujourd’hui douze mille entre petits et grands, jeunes et vieux, malades et valides [...].
Voici les causes pour lesquelles, dès le commencement, furent tuées tant et tant de personnes : en premier lieu, tous ceux qui sont venus ont cru que, s’agissant de peuples infidèles, il leur était loisible de les tuer ou de les capturer, de leur prendre leurs terres, leurs biens et leurs domaines, sans se faire aucune conscience de ces choses ; en second lieu, ces mêmes infidèles étaient les êtres les plus doux et les plus pacifiques du monde, totalement dépourvus d’armes ; à quoi s’est ajouté que ceux qui sont venus, ou la plupart d’entre eux, étaient le rebut de l’Espagne, un ramassis de gens convoiteux et pillards [...].

Bartolomé de las Casas, Brevísima relación de la destrucción de las Indias [Très Brève Relation de la destruction des Indes], Séville, 1552.
http://www.cervantesvirtual.com/portales/bartolome_de_las_casas/obra-visor/breve-relacion-de-la-destruccion-de-las-indias-occidentales--0/html/


Documents joints

Les Amérindiens ont-ils des droits ?