Compo. : les symboles de la guerre froide

mardi 23 août 2016
par  Julien Daget

La proposition de correction qui suit n’est pas parfaite ; d’autres plans, arguments et exemples peuvent être employés pour répondre au sujet. Les titres de partie sont inutiles dans un travail scolaire aussi court, par convention.

Berlin, Cuba et le Viêt Nam, trois symboles de la guerre froide

Introduction
La guerre froide désigne l’affrontement idéologique et militaire entre d’une part les États-Unis et ses alliés qui forment le bloc capitaliste, et d’autre part l’Union soviétique et ses alliés qui forment le bloc communiste. Cette « guerre », ou plutôt cet affrontement car ce ne fut pas une véritable guerre, s’étale sur près de 45 ans : de la fin de la Seconde Guerre mondiale en 1945 à la disparition de l’Union soviétique en 1991.

La ville de Berlin, la crise de Cuba et la guerre du Viêt Nam sont communément utilisées pour illustrer ce conflit ; pourquoi ces terrains d’affrontement sont-ils devenus des symboles de la guerre froide ?

Nous verrons d’abord que Berlin est le lieu central de la confrontation Est/Ouest, puis que Cuba est l’illustration du risque d’une guerre thermonucléaire globale, enfin que le Viêt Nam est l’exemple d’un conflit indirect périphérique.

Berlin, symbole de la guerre froide
La ville de Berlin est au centre de la confrontation entre les blocs de l’Est (communiste) et de l’Ouest (capitaliste).

C’est une ville symbolique car elle est divisée en deux moitiés (Berlin-Ouest et Berlin-Est), au même titre que toute l’Allemagne (Allemagne fédérale et Allemagne démocratique), l’Europe (Europe de l’Ouest et Europe de l’Est) voire le monde (en deux blocs).
L’origine de cette division remonte à l’origine de la guerre froide elle-même : c’est en 1945 que les vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale, alliés dans la lutte contre l’Allemagne, décidèrent l’occupation militaire et la partition de la capitale ennemie.

Cette division en deux de la ville de Berlin est instrumentalisée par la propagande des deux blocs. Chaque moitié de la ville va servir de vitrine idéologique, destinée à montrer la supériorité de chacun des deux camps sur l’autre : les constructions monumentales de Berlin-Est font face aux riches boutiques de Berlin-Ouest.
Les compétitions sportives, les défilés militaires en centre-ville, les discours des présidents Kennedy en 1963 et Reagan en 1987 sont autant d’évènements berlinois symboliques.

La situation à Berlin va suivre le rythme de la guerre froide, avec notamment le blocus de Berlin-Ouest par les Soviétiques en 1948-1949, la fondation des deux États allemands en 1949 (Berlin est la capitale de la République démocratique allemande), l’ultimatum de Khrouchtchev en 1958, la construction du Mur en 1961 et divers incidents frontaliers.

Enfin la chute brusque du Mur de Berlin en novembre 1989 est souvent citée comme symbole de la fin de la guerre froide, juste avant la réunification des deux Berlin en 1990.

À cette confrontation idéologique à Berlin s’ajoute une crise plus menaçante à Cuba.

Cuba, symbole de la guerre froide
La crise de Cuba illustre le risque d’une guerre thermonucléaire globale entre les deux superpuissances, c’est-à-dire une guerre employant massivement des armes nucléaires.
En 1962, les Américains découvrent des installations de lancement de missiles soviétiques sur l’île de Cuba, qui menacent directement les États-Unis d’une frappe tellement rapide qu’elle rend difficile les représailles. S’en suit ce qu’on a appelé la « crise des missiles », un bras-de-fer diplomatique et militaire qui a failli déclencher un affrontement direct.

Ces missiles sont des armes portant chacune une ogive nucléaire, capable de raser une grande ville ; s’y rajoute le fait que les États-Unis et l’Union soviétique se livrent à une course aux armements, chacun cherchant à avoir plus d’armes nucléaires que son compétiteur : la conséquence d’un échange de tirs de tels missiles serait l’anéantissement mutuel.

Comme Cuba est la plus dangereuse crise de la guerre froide, on la qualifie souvent symboliquement d’« apogée » du conflit. Mais c’est aussi un tournant lors de ce conflit, entrainant le début d’une période de détente des relations internationales, avec l’installation du téléphone rouge (permettant des négociations rapides entre Washington et Moscou) et l’application de la notion de coexistence pacifique (chacun chez soit).

À ce risque de conflit direct à Cuba, les deux superpuissances préfèrent les affrontements indirects comme au Viêt Nam.

Le Viêt Nam, symbole de la guerre froide
La guerre du Viêt Nam est l’exemple d’un conflit indirect périphérique pendant la guerre froide.

Le Viêt Nam est avant tout une guerre civile de 1959 à 1975 entre Vietnamiens, opposés à travers les États du nord et du sud, mais cette guerre est alimentée par les deux blocs, car le Viêt Nam du Nord reçoit le soutien logistique du bloc de l’Est (armes et camions chinois ou soviétiques), tandis que le Viêt Nam du Sud bénéficie de l’intervention massive des États-Unis (épaulés par ses alliés coréens, australiens, thaïlandais, néo-zélandais et philippins) de 1964 à 1973. Si l’affrontement direct entre les deux superpuissances est suicidaire à cause des armes nucléaires, des conflits périphériques permettent l’affrontement indirect (ici avec des Vietnamiens interposés).

La guerre du Viêt Nam est aussi l’illustration des « sales guerres » menées pour des raisons idéologiques, un symbole des erreurs que peut commettre le gouvernement américain : aller jusqu’à soutenir une dictature militaire, pratiquer le bombardement des villes et commettre des massacres de civils.
Une partie des Américains réagit par son engagement pacifiste, notamment symboliquement à travers la musique (Volunteers de Jefferson Airplane, ou War d’Edwin Starr par exemple) et le cinéma (Apocalypse Now de Coppola, ou Full Metal Jacket de Kubrick).

Conclusion
La ville de Berlin, la crise de Cuba et la guerre du Viêt Nam sont non seulement présentées communément comme des symboles de cet affrontement, mais elles résument à elles trois le conflit tout entier : la guerre froide divise le monde en deux, l’affrontement direct est suicidaire à cause des armes nucléaires, d’où des affrontements indirects par États périphériques interposés.

Ces lieux symboliques sont désormais des destinations touristiques ; on y évoque la guerre froide devant les groupes de touristes ainsi que lors des cérémonies commémoratives.

La même création de lieux symboliques est à l’œuvre pour les nouveaux conflits post-guerre froide, tel que le site de Ground zero à l’emplacement du World Trade Center de New York.