Doc. : Na Berlin !
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Consigne : à travers l’étude critique des deux documents, montrez que les combats du front de l’Est permettent de dire que la Seconde Guerre mondiale a été une guerre idéologique et jusqu’au-boutiste.
• Méthode : l’étude critique
Na Berlin ! [1]
Document 1
Camarades [2] combattants ! L’heure est venue d’asséner à l’ennemi le dernier coup et notre Patrie sera pour toujours délivrée du danger d’agression fasciste.
L’heure est venue de délivrer ceux de nos pères et de nos mères, de nos frères et de nos sœurs, de nos femmes et de nos enfants, qui se trouvent encore enchaînés dans l’esclavage fasciste.
L’heure est venue de faire le bilan effrayant de la guerre et de punir les criminels. […] Avec nos victoires, avec notre sang, nous avons gagné le droit de prendre Berlin et d’entrer les premiers dans la ville. Nous prononcerons le sévère jugement de notre peuple contre les occupants allemands... D’un coup rapide et grâce à un assaut héroïque, nous prendrons Berlin, car ce n’est pas la première fois que des soldats russes conquièrent cette ville [3]...
Pour notre Patrie soviétique ! En avant jusqu’à Berlin [4] !
Proclamation du maréchal Joukov [5], le 16 avril 1945. Cité dans Fjodor Bokov, Viesna pobiedy i osvobojdenia, trad. allemande Frühjahr des Sieges und der Befreiung, Berlin, Militärverlag der DDR, 1979, p. 159.
Document 2
Soldaten der Ostfront ! Zum letzten Male ist der jüdisch-bolschewistische Todfeind mit seinen Massen zum Angriff angetreten. Er versucht, Deutschland zu zertrümmern und unser Volk auszurotten. Ihr Soldaten aus dem Osten yrißt zu einem hohen Teil heute bereits, welches Schicksal vor allem den deutschen Frauen und Mädchen und Kindern droht. Während die alten Männer und Kinder ermordet werden, werden Frauen und Mädchen zu Kasemen-huren erniedrigt, der Rest marschiert nach Sibirien.
Wir haben diesen Stoß vorhergesehen, und es ist seit dem Januar dieses Jahres alles geschehen, um eine starke Front aufzubauen. Eine gewaltige Artillerie empfängt den Feind. Die Ausfälle unserer Infanterie sind durch zahllose neue Einheiten ergänzt. Alarmeinheiten, Neuaufstellungen und Volkssturm verstärken unsere Front. Die Bolschewisten wird dieses Mal das alte Schicksal Asiens erleben, das heißt er muß und wird vor der Hauptstadt des Deutschen Reiches verbluten.
Wer in diesem Augenblick eine Pflicht nicht erfüllt, handelt als Verräter an unserem Volk. Das Regiment oder die Division, die ihre Stellungen verlassen, benehmen ich so schimpflich, daß sie sich vor den Frauen und Kindern, die in unseren Städten dem Bombenterror tandhalten, würden schämen müssen. Achtet vor allem auf die verräterischen wenigen Offiziere und Soldaten, die, um ihr erbärmliches Leben zu sichern, im russischen Solde, vielleicht sogar in deutscher Uniform, gegen luis kämpfen werden. Wer Euch Befehl zum Rückzug gibt, ohne daß ihr ihn genau kennt, ist sofort festzunehmen und nötigenfalls äugenblicklich umzulegen, ganz gleich, welchen Rang er besitzt.
Wenn in diesen kommenden Tagen und Wochen jeder Soldat an der Ostfeldzug zum Bolschewismus und den Nordämerikanen nich dem Krieg bevorsteht front seine Pflicht erfüllt, wird der letzte Ansturm Asiens zerbrechen, genau so, wie am Ende auch der Einbruch unserer Gegner im Westen trotz allem scheitern wird. Berlin bleibt ’deutsch, Wien wird wieder deutsch und Europa wird niemals russisch.
Bildet eine verschworene Gemeinschaft zur Verteidigung nicht des leeren Begriffes eines Vaterlandes, sondern zur Verteidigung Eurer Heimat, Eurer Frauen, Eurer Kinder und damit unserer Zukunft. In dieser Stunde blickt das ganze deutsche Volk auf Euch, meine Ostkämpfer, und hofft nur darauf, daß durch Eure Standhaftigkeit, Euren Fanatismus, durch Eure Waffen und unter Eurer Führung der bolschewistische Ansturm in einem Blutbad erstickt. Im Augenblick, in dem das Schicksal den größten Kriegsverbrecher aller Zeiten von dieser Erde genommen hat, wird sich die Wende dieser Krieg entscheiden !
Soldats du front de l’Est !
Pour la dernière fois, nos ennemis mortels, les judéo-bolcheviques, ont rassemblé leurs forces massives pour une attaque. Ils ont l’intention de détruire l’Allemagne et d’exterminer notre peuple. Nombre d’entre vous, soldats de l’Est, savez le sort qui attend toutes les femmes et les enfants allemands. Les vieillards et les enfants seront assassinés, les femmes et les jeunes filles transformées en putains de chambrée, et le reste partira pour la Sibérie.Nous avons déjà affronté ce choc, et depuis janvier de cette année nous avons tout fait pour construire un front solide. Une formidable artillerie attend l’ennemi. Les pertes de notre infanterie ont été complétées par de nombreuses nouvelles unités. Des unités d’urgence [6], de nouvelles levées et le Volkssturm [7] renforcent notre front. Cette fois, les Bolcheviques connaîtront le vieux destin de l’Asie, ce qui signifie qu’ils saigneront à mort devant la capitale du Reich allemand.
Quiconque manque à son devoir se comporte comme un traître à notre peuple. Le régiment ou la division qui abandonnerait sa position fortifiée, se comporterait de façon tellement scandaleuse, que derrière lui les femmes et enfants, qui affrontent les bombardements terroristes, auraient honte de lui. Avant tout, soyez sur vos gardes contre ces officiers et soldats traîtres [8] qui, pour préserver leurs vies pitoyables, combattent contre nous à la solde des Russes, peut-être même sous l’uniforme allemand. Toute personne vous ordonnant la retraite, à moins que vous ne la connaissiez personnellement, sera immédiatement arrêtée et, si nécessaire, exécutée sur le champ, quel que soit son grade.
Si dans les jours et semaines à venir, chaque soldat du front de l’Est, dans cette guerre face au bolchevisme et aux Nord-Américains, accompli son devoir, stoppant l’attaque ultime de l’Asie, alors se sera aussi l’effondrement de notre ennemi à l’Ouest qui échouera malgré tout à la fin. Berlin reste allemand, Vienne redeviendra allemande et l’Europe ne sera jamais russe. Formez-vous en confréries jurées pour défendre, non le concept vide de patrie, mais vos maisons, vos femmes, vos enfants et, avec eux, votre futur.
En ces heures, toute la nation allemande vous regarde, mes guerriers de l’Est, et espère seulement en votre résolution, en votre fanatisme, en vos armes et, sous vos chefs, l’assaut bolchevique sera noyé dans un bain de sang. En ce moment, où le destin a enlevé de la surface de la Terre le plus grand criminel de guerre de tous les temps, se décide le tournant de la guerre [9].
Proclamation d’Adolf Hitler, le 16 avril 1945 [10]. Cité dans Jean Lopez, Berlin, les offensives géantes de l’Armée Rouge : Vistule – Oder – Elbe (12 janvier-9 mai 1945), Paris, Economica, 2010.
[1] Na Berlin (« à Berlin » en russe) est une inscription courante sur les chars soviétiques en 1945.
[2] Tovarichtch (« camarade » en russe) est la formule de politesse qui remplace égalitairement les Monsieur et Madame.
[3] Allusion à la prise de Berlin par l’armée impériale russe en 1760, lors de la guerre de Sept Ans.
[4] Wpered na Berlin (« en avant vers Berlin » en russe), l’autre formule soviétique stéréotypée au début de 1945.
[5] Le maréchal Gueorgui Joukov commande en 1945 le 1er front de Biélorussie, qui est alors le principal groupe d’armées soviétique. Il a commandé lors des principales victoires soviétiques : devant Moscou pendant l’hiver 1941-1942, à Stalingrad pendant l’hiver 1942-1943, à Koursk lors de l’été 1943 ; il a dirigé la levée du siège de Léningrad en janvier 1944. Pendant l’hiver 1945, son groupe d’armées pulvérise le front allemand et fonce à travers la Pologne jusqu’à l’Oder en quelques jours.
[6] À partir de janvier 1945, l’Armée allemande tente désespérément de compléter ses effectifs avec des fonds de tiroirs, c’est-à-dire avec du personnel non-combattant : d’instruction (écoles de sous-officiers ou d’aspirants), de réparation, convalescents, administratifs, transport, transmissions, personnel sanitaire et vétérinaire, marins, rampants de l’armée de l’air, etc.
[7] Le Volkssturm (traduisible par « tempête du Peuple », ou « unité d’assaut populaire ») est une milice levée à partir de septembre 1944 : tous les hommes sont appelables en masse, soit les jeunes de la Jeunesse hitlérienne (16 ans et moins), ainsi que les vieux de 60 ans. Ils ont peu d’armes (surtout du Panzerfaust), quelques jours de formation et pas d’uniforme.
[8] Référence au Nationalkomitee Freies Deutschland, le « Comité national pour une Allemagne libre », organisation antinazie composée de communistes allemands (dont Walter Ulbricht) et de prisonniers libérés (dont le général Walther von Seydlitz-Kurzbach).
[9] Franklin Roosevelt est mort le 12 avril 1945. Hitler fait ici le parallèle avec la mort de la tsarine Élisabeth Ire en janvier 1762, ce qui sauva le royaume de Prusse (le « miracle de la maison de Brandebourg ») ; Hitler espère la répétition de ce « miracle ».
[10] L’offensive soviétique vers Berlin débute le 16 avril 1945 sur la rive gauche de l’Oder (hauteurs de Seelow) et se termine après onze jours de combats urbains par le suicide d’Hitler et la prise du Reichstag le 30 avril ; quelques combats isolés se poursuivent jusqu’au 2 mai (reddition à 4 h du matin du général Weidling). Les pertes officielles soviétiques sont de 78 260 morts et disparus, tandis que les morts allemands sont estimés à un demi-million, civils compris.