Doc. : l’exemple d’Iwo jima
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Consigne : en analysant les deux documents ci-dessous, vous montrerez, à travers l’exemple de la bataille d’Iwo jima [1], que la Seconde Guerre mondiale a pu devenir une guerre d’extermination menée par des jusqu’au-boutistes.
• Méthode : l’étude critique
Document 1 : « Vœux courageux pour la bataille »
1. Nous protégerons l’île jusqu’au bout, de toutes nos forces.2. Chargés d’explosifs, nous nous lancerons sur les chars ennemis et les anéantirons.3. Nous allons abattre l’ennemi, se précipitant au milieu d’eux pour les tuer.4. Chacun de nos tirs doit atteindre sa cible et tuer l’ennemi.5. Nous ne mourrons pas avant d’avoir tué dix ennemis.6. Nous harcèlerons l’ennemi par des tactiques de guérilla, jusqu’au dernier d’entre nous.
Instructions imprimées et distribuées aux soldats japonais de la garnison d’Iwo jima sur ordre du lieutenant-général Tadamichi Kuribayashi, commandant en chef sur l’île. Cité dans Kumiko Kakehashi, So Sad to Fall in Battle : an account of war, New York, Presidio Press, 2007, p. 39.
Document 2 : message d’adieu
La bataille entre dans sa phase finale. Depuis le débarquement de l’ennemi, le combat vaillant des hommes sous mon commandement a été telle que même les dieux pleureraient. En particulier, je me réjouis humblement dans le fait qu’ils ont continué à se battre courageusement même les mains vides et mal équipés contre des attaques terrestres, maritimes et aériennes d’une supériorité matérielle qui dépasse l’imagination. Les uns après les autres, ils sont tombés dans les attaques incessantes et féroces de l’ennemi.
Pour cette raison, la situation est telle que je dois décevoir vos attentes et laisser ce territoire important dans les mains de l’ennemi. Avec humilité et sincérité, je vous présente mes excuses répétées. Nos munitions sont consommées et notre eau tarie. Il est maintenant temps pour nous de mener un dernier assaut et nous battre vaillamment, conscient de la faveur de l’Empereur, sans ménager nos efforts jusqu’à ce qu’ils réduisent nos os en poudre et pulvérisent notre corps.
Je crois que tant que l’île ne sera pas reprise, le territoire impérial restera menacé. Je jure donc que même quand je suis devenu un fantôme je chercherait à transformer la défaite de l’Armée impériale en victoire. Je me rapproche maintenant de la fin. En même temps, pour vous révéler mes sentiments les plus intimes, je prie avec ferveur pour la victoire sans faille et la sécurité de l’Empire. Adieu pour l’éternité.
La tristesse m’envahit car je suis incapable de remplir mon devoir envers mon pays,Plus de balles ni de flèches.Tombant à terre sans revanche,Je renaîtrai pour reprendre mon épée.Lorsque les mauvaises herbes se déchaîneront sur cette île,Mon cœur et mon âme seront avec le destin de la nation impériale.
Message du lieutenant-général Tadamichi Kuribayashi, le 17 mars 1945. Cité dans Tadamichi Kuribayashi et Tsuyuko Yoshida, Gyokusai Soshikikan no etegami, Tokyo, édition Shogakukan, 1992. Tadamichi Kuribayashi et Kumiko Kakehashi (trad. Myriam Dartois-Ako), Lettres d’Iwo Jima, Paris, Les Arènes, 2011.
[1] Le mot japonais jima signifiant « île », il ne prend donc pas de majuscule.