Doc. : l’intégration régionale en Amérique du Nord
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Consigne : analysez les documents pour montrer comment se manifeste l’intégration du Canada et des États-Unis au sein de l’ALÉNA.
• Méthode : l’analyse de doc(s)
Document 1
Un kmz nécessite d’avoir installé Google Earth.
Les projets Keystone XL et Northern Gateway (en orange sur la carte), destinés à l’exportation du pétrole extrait des sables bitumineux de la province canadienne de l’Alberta, sont contestés en raison de leur impact sur l’environnement : destruction de la forêt boréale, contamination des eaux, traversée de réserves indiennes, etc.
Document 2. Tensions autour de la frontière entre le Canada et les États-Unis
Depuis les attentats du 11 septembre 2001, le Canada est sommé de renforcer la sécurité de la frontière. Le franchissement du 49e parallèle est devenu complexe. Les contrôles rigoureux aux postes-frontière entraînent de longs temps d’attente qui ont modifié le quotidien des frontaliers. C’est toute une économie qui est affectée par cette politique.
En effet, un emploi canadien sur trois et 41 % du PIB canadien dépendent des exportations vers les États-Unis ; le commerce transfrontalier s’élève à 1,2 milliard de dollars par jour.
Au point de passage frontalier Windsor-Detroit, qui est l’un des plus fréquentés au monde, de nombreux produits traversent quotidiennement la frontière.
Il s’agit des produits de l’industrie automobile installée de part et d’autre de la frontière, les sous-traitants des firmes américaines se situant souvent au Canada.
Mais cette relation d’interdépendance n’en est pas moins dissymétrique : 2,5 % seulement du PIB américain dépend des échanges avec le voisin du Nord, alors que les exportations du Canada vers les États-Unis représentent encore plus de 70 % des exportations totales.
Guillaume Poiret, « États-Unis – Canada, regards croisés », La Documentation photographique, n° 8092, Paris, La Documentation française, 2013, 64 pages.
Proposition de correction
Introduction
L’ALÉNA, l’« Accord de libre-échange nord-américain », désigne la zone de libre-échange concernant les biens, services et capitaux entre le Canada, les États-Unis et le Mexique. Ce cas d’intégration régionale sur une partie du continent américain est ici illustré par deux documents.
Le premier document est un croquis montrant les oléoducs permettant d’exporter du pétrole canadien vers les États-Unis. Le second document est un article d’un géographe évoquant les problèmes commerciaux transfrontaliers entre les deux voisins.
Comment cette intégration se manifeste-elle ? Nous verrons d’abord l’exemple des oléoducs transfrontaliers puis les obstacles freinant cette intégration.
Oléoducs
Le croquis montre les différents trajets des oléoducs, c’est-à-dire les grosses conduites transportant du pétrole, reliant les gisements canadiens de l’Alberta aux raffineries étasuniennes du Midwest et du Texas. Ce pétrole est tiré en très grande quantité des sables bitumineux de cette province, faisant depuis peu du Canada le premier fournisseur des États-Unis, passant devant l’Arabie saoudite. En plus, sont visibles sur le fond de carte les trajets de deux projets de conduites partant de l’Alberta, l’une pour augmenter les exportations vers les États-Unis (Keystone XL : « clé de voûte extra large »), l’autre allant jusqu’à la côte du Pacifique (Northern Gateway, « corridor nordique », pour exporter vers l’Asie de l’Est ?).
De leur côté, les États-Unis sont les principaux consommateurs de pétrole de la planète ; Houston, terminus du principal oléoduc transfrontalier (le Keystone Pipeline), est le plus grand centre pétrochimique du monde. Importer du pétrole canadien leur permet de sécuriser leurs approvisionnements, réduisant leur ancienne dépendance envers le Moyen-Orient et l’Afrique, qui sont des foyers de conflits, donc des fournisseurs peu fiables.
Le Canada et les États-Unis sont donc dans une situation d’interdépendance, comme l’évoque le texte : « le commerce transfrontalier s’élève à 1,2 milliard de dollars par jour ». Il ne concerne pas que le secteur énergétique, mais aussi notamment les pièces détachées de l’industrie automobile (tout particulièrement dans la conurbation entre Windsor au Canada et Détroit [1] aux États-Unis), les flux d’investissements (sous-traitants) et les travailleurs frontaliers. Ces échanges sont largement favorisés par l’instauration de l’ALÉNA. Le nom anglais de cette dernière est d’ailleurs un jeu de mot évoquant le pétrole : NAFTA, acronyme de North American Free Trade Agreement, fait aussi référence au « naphta », un produit pétrolier.
Problèmes
Mais plusieurs problèmes perturbent l’intégration le long de la frontière entre le Canada et les États-Unis. D’abord les projets d’oléoducs sont contestés par des associations écologistes américaines au nom de la protection de l’environnement. En effet, l’exploitation des sables bitumineux détruit la forêt boréale et pollue énormément ; les conduites peuvent être victimes de fuites, alors qu’elles traversent des zones naturelles, agricoles ou urbaines ; elles favorisent la consommation d’hydrocarbures producteurs de gaz à effet de serre, augmentant d’autant le réchauffement climatique.
Une autre limite à cette intégration est le renforcement des contrôles aux frontières depuis les attentats terroristes du 11 septembre 2001. De telles mesures étasuniennes compliquent les échanges, augmentant les durées d’attente aux postes-frontières, illustrées par les énormes bouchons devant le pont Ambassadeur entre Windsor et Détroit : un quart du commerce entre les deux pays passe là.
Enfin, les échanges commerciaux sont relativement disproportionnés entre les deux partenaires : si ce commerce ne représente que 2,5 % du PIB étasunien, c’est 41 % de celui canadien. L’ALÉNA est fortement critiquée pour cette dissymétrie, mettant les pays voisins en forte dépendance économique vis-à-vis des États-Unis. De ce point de vue, l’intégration régionale en Amérique du Nord se fait quelque peu au profit de la puissance dominante.
Conclusion
L’analyse de ces deux documents nous montre que la forte intégration régionale en Amérique du Nord, bénéfique aux deux partenaires, n’est pas exempte d’obstacles et de quelques tensions, avec des phénomènes de dépendance économique du Canada vis-à-vis des États-Unis.
Cela étant dit, les deux documents ne mentionnent pas les importants flux humains ou financiers, ni n’évoquent l’autre zone transfrontalière qui se trouve autour du Puget Sound (avec Vancouver et Seattle) et surtout la frontière entre les États-Unis et le Mexique, aux problématiques différentes.
[1] En français, la ville de Détroit prend un accent : il s’agit d’une fondation français remontant à 1701 sous le nom de « Fort Pontchartrain du Détroit ». L’industrie automobile y est tellement développée que son surnom est Motown.